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Le Fort de Niolon

 
Source : "VAUBAN et ses successeurs en Provence occidentale
Association VAUBAN
 
LE FORT HAUT

I-Historique

 

AU DEBUT DES ANNEES 1880, l’artillerie navale ayant fortement évolué et nos rapports avec l’Italie se dégradant, notre état-major devait revoir la défense du port de Marseille, dont l’activité était grandissante. L’artillerie avec le canon rayé était devenue plus précise et de plus grande portée, aussi on dut reconsidérer les moyens de défense de sa rade. Lors de cette étude, il s’avéra que la batterie basse de Niolon présentait quelques faiblesses. Trop petite et fragile à une attaque terrestre, il était nécessaire de construire un ouvrage plus important et sur un site plus élevé.

 

Provisoirement, l’état-major pallia à cet inconvénient en assurant la surveillance de la côte avec un escadron  de cavalerie entre l’Estaque, et les petits ports à l’ouest du Rove et en détachant un bataillon d’infanterie au Rove avec des sections aux villages d’Ensués et de Douard.

 

Pour son extension, un autre site fut recherché, plus élevé et avec une assiette plus vaste : ce fut celui de Niolon haut. Un projet global pour la rade de Marseille fut présenté en 1881. Ce nouveau dispositif fense, qui proposait les créations ou les modifications de 16 batteries pour protéger la partie nord de la baie de Marseille et 7 pour la partie sud 1 est présenté au ministère de la Guerre au milieu de l’année 1882. Mais, dans ce projet, ce ministère renvoi le projet de Niolon haut aux services du génie locaux pour être remanié.

 

La batterie haute de Niolon, ou fort de Niolon, sera construite à la fin des années 1880, sur un site à 193 mètres au dessus du niveau de la mer, dominant la batterie basse de Niolon. C’est un fort du type dit « Séré-de Riviéres » de forme pratiquement rectangulaire pour s’adapter au terrain, ressemblant par son assiette au fort à massif central de Montbé dans la Marne. Il est du type à massif central et batterie basse. Construit sur l’extrémité d’une colline rocheuse, une partie de celle-ci fut entaillée pour créer une surface plane permettant la circulation dans le fort, notamment entre les batteries et le massif central.

 

Son périmètre est de 290 mètres environ. In se divise en trois parties : Le massif central, l’emplacement des batteries et, entre les deux, un passage reliant les fronts est et ouest.

Il présente la particularité d’un décrochement sur l’angle sud-est pour pouvoir flanquer les faces est et sud du fort ainsi qu’un second décrochement à l’angle sud-ouest pour flanquer la face ouest de ses remparts.

Les casernements du massif central furent érigés directement sur le roc, et les parties souterraines en creusant dans celui-ci. Les déblais servirent à réaliser la base des batteries qui sont construites de ce fait sur un cavalier. Par ailleurs le massif central est décalé vers le front de terre, ses casernements assurant la défense passive de ce dernier front.

 

L’entrée du fort est protégée par un fossé, surplombé d’un pont-levis et suivi d’une porte qui devait être certainement blindée aux balles. A droite de la porte en entrant on trouve une tour pentagonale à deux niveaux, faisant office de caponnière couvrant par ses meurtrières le fossé, la porte et face nord du fort. Sur la gauche est situé un poste de garde rectangulaire flanquant les remparts est, ainsi qu’une partie du front nord.

 

Le massif central est construit sur deux niveaux. Il devait comporter les casernements, le poste de commandement de tir, les magasins à vivre et à munition, le magasin d’artilleries, ect. Ainsi que l’acheminement mécanique en souterrain des munitions vers les batteries. Par manque de crédit où les relations aves l’Italie s’étant améliorées, il semble qu’une partie de ces équipements n’a pas été réalisée. En fait au rez-de -chaussée,  se situera seulement un abri caverne, certainement pour les munitions et le petit matériel, taillé dans le roc. Le massif central était protégé par une couche de terre plusieurs mètres.

 

La batterie était constituée de quatre canons de 240 mn G-1876 de cote sur affût G.P.C à frein hydraulique. Ce type de canon pouvait envoyer des obus de 120 à 160 kg à 10 500 mètres. Ils étaient placés dans les alvéoles à ciel ouvert, délimitées à l’avant et sur les cotés par un mur de pierre. En arrière, sur les cotés, étaient situés deux petits abris pour la préparation des munitions. Du fait du terrain et des apports de terre, l’emplacement de la batterie, placée en contrebas du massif central, se présentait sous la forme d’un cavalier. De ce fait, le chemin de ronde ceinturant trois côtés du fort, sauf le front nord, passait en bas des positions de la batterie qui faisait office de parados.

 

En 1889, des batteries annexes armées de 8 mortiers de 270 mm seront installées pour renforcer le dispositif de défense. Une à l’ouest de la batterie haute, au-dessus du Cap Méjean, et l’autre sur un promontoire contre le Resquiadon et l’anse de Figueriolles. Ces batteries comprenaient des ouvrages souterrains pour la protection des servants et des munitions, et les alimentations des pièces se faisaient par des monte-charges.

 

En 1882, l’armement du fort était composé de 6 cannons de 240 mm, par groupes de deux (il semble difficile actuellement d’en trouver les trois emplacements) et pour renforcer sa puissance de feu on construisit une batterie annexe positionnée à l’est du fort, à 200 mètres environs à vol d’oiseau, armée de 4 canons de 95 mm en acier Lahitolle, positionnés en deux groupes séparés par une traverse. On construit aussi des casernements extérieurs à l’entrée du fort pour assurer le logement d’une partie du personnel et compenser en partie les magasins non réalisés en souterrain.

 Si lors de sa construction on avait tenu compte de la capacité de l’artillerie nouvelle, suite aux essais à tir réel de fort Liédot en 1863-1864, on n’avait pu prendre en compte ceux de 1886 à la Malmaison qui remettaient en cause toute la fortification de Séré-de –Rivières. Aussi, plus tard, le casernement fut recouvert, en plus de l’épaisseur de terre originelle, d’une dalle en béton de presque 400 m2 et d’une épaisseur de 25 à 30 cm. On prolongea la dalle sur une partie des retombées de la pente avec une épaisseur moindre comprise entre 10 et 15 cm de béton. Au début du XXe siècle, toutes les batteries de cotés et des îles étaient reliées au central télégraphique situé à Notre-Dame-de-la-Garde.

 

Les Allemands l’occupèrent dès la fin de l’année 1942, mais nous ne connaissons pas les modifications qu’ils purent réaliser dans le fort. On peut penser que les deux massifs en béton placés à cheval sur les deux encuvements extrêmes de la batterie, furent réalisés par eux pour des pièces antiaériennes, mais cela devra être vérifié, tout comme le poste d’observation et le cuve sue dalle bétonnée au-dessus des casernements, dont la construction semble bien légère.

Cet ouvrage, pour éviter les mêmes faiblesses que celles de Niolon bas contre un coup de main terrestre, a été placé sur une hauteur peu dominée par les collines alentours et a été ceinturé par des remparts et un chemin de ronde. Néanmoins, ses moyens de défense ne pouvaient répondre qu’a un coup de main sans artillerie. Sa résistance à une attaque en règle aurait été nulle. En effet, les parapets du chemin de ronde sont d’une faible épaisseur et surtout ne comportent aucune meurtrière, ce qui aurait placé les défenseurs à la vue de l’ennemi durant  leurs tirs. La partie nord qui aurait reçu cette attaque est très mal protégée. Son fossé est accessible facilement par ses deux extrémités. Seules les deux meurtrières latérales ouest de l’étage supérieur de la petite tour pentagonale le flanquent. Les quatre casernements qui couvrent toute la longueur de ce fossé n’ont pas de meurtrière et leurs deux larges fenêtres par chambrée n’ont aucun système de renforcement comme cela se faisait dans certains forts de l’est. Enfin la tour carrée servant de corps de garde présente beaucoup de faiblesse. Ceci étant dit, ce fort était à même de résister à coup de main. Une anecdote précédente la construction de cet ouvrage mérite d’être contée : une dizaine d’année avant, l’armée s’aperçut qu’une partie de terrain pouvant servir à la construction d’un fort avait été vendu par l’Etat à un certain Guien au prix de 650 francs, qui voulait le rétrocéder à l’armée mais au prix  1 500 francs. On pense que l’accord se fit au niveau de 1 200, mais l’armée était prête à en régler le prix demandé à la grande colère du capitaine chargé localement de cet achat.

 

II- Description               

 

On y accède par un chemin de terre de 3,5 kilomètres sinuant dans la garrigue. A la fin, le sentier en s’élevant parvient au fort en longeant une partie des remparts est avant d’accéder à la porte du fort située en arrière de celui-ci, c’est-à-dire sur le front nord. Avant la porte, sur la droite, il reste encore quelques murs des bâtiments construits après 1900. Sur la gauche est situé un décrochement, comportant au-dessus le poste de garde, permettant de couvrir un coté du fossé ainsi que la face est du fort.

 

L’assiette de ce fort est de forme rectangulaire avec deux décrochements permettant d’en battre sud, est et ouest. Seul, le front nord possède un fossé d’une largeur de 5 à 6 mètres taillé dans le roc, avec  un mur de contre escarpe de 4 à 6 mètres de haut suivant les endroits. Ce front est protégé par une tour pentagonale à deux niveaux battant les deux côtés du fossé ainsi que la porte du fort. Les meurtrières des faces du deuxième niveau, couvrent le front nord. Il semble que cet ouvrage n’était pas couvert. Cette tour, comme le signale le colonel Truttmann, sera dénommée caponnière par les ingénieurs militaires de la fin du XXe  siècle.

Un pont-levis ou à glissière permettait de traverser le fossé et d’atteindre la porte unique du  fort. A gauche de la porte, un petit redan carré, couvre l’entrée et la face est. Sur ce redan est construit le poste de garde d’une surface de 15 m2 , qui devait être recouvert d’un toit ou d’un plafond vouté qui a été détruit. Il était équipé de quatre meurtrières côté est et de  deux meurtrières sur les faces nord et sud.

Le chemin de ronde fait le toue des cotés est, sud et ouest du fort. Il est protégé par un parapet de 1,30 mètre de haut en pierre revêtu en arrondi d’une couche de ciment à la chaux pour empêcher la pénétration de la pluie. Il n’est pas équipé de meurtrières ce qui le classe plus en ouvrage de guet que de défense.

Le mur est du massif central est percé de barbacanes en brique permettant le drainage des eaux pluviales sous le fort. Sous ce massif se trouve une pièce de 80 mcreusée dans le rocher, avec sa voute brute du roc. On y accède par une porte placée sous un large arc de décharge, ce qui laisse supposer qu’à l’origine la grandeur prévue de cette porte devait être plus importante. Il y a une seconde sortie de pièce vers les batteries qui se fait par un chemin coudé. Cette pièce servait de magasin à projectiles en temps de guerre et à poudre en temps de paix, et la petite pièce, sous l’escalier menant au 1er niveau, de magasin à poudre en temps de guerre.

On accède au premier étage par un large escalier axé nord-sud. Sur la gauche, un couloir est-ouest de 35 mètres de long traverse le massif central de part en part. il est creusé dans le roc et dessert sur la droite, donc coté nord, 4 chambrées voutées, dites casemates de logements, d’une surface de 35 mètres carrés chacune, pouvant abriter 10 lits double à deux niveaux soit 40 soldats. Ce qui représente une capacité de logement de 160 hommes. Ces salles sont carrelées en tomettes rouges et équipées à leur extrémité nord de deux fenêtres par chambre, donnant sur le fossé nord. Elles sont munies d’un système de ventilation placé au-dessus des fenêtres. Dans l’axe de la pièce on retrouve au sol et au plafond des traces de plusieurs I.P.N. verticaux.

Une large porte à deux battants, côté couloir, permettait d’accéder à chaque chambrée. Le fronton au-dessus de chaque porte était en partie ou en totalité vitré, ce qui permettait un éclairage naturel de ce corridor par les fenêtres des chambrées. Au fond, côté ouest après la dernière chambrée, un étroit corridor de 0,60 m de large, axé nord-sud assure l’aération et la protection du casernement.

Après le corridor, se trouvent trois pièces de modeste surface avec accès direct sur extérieur et communicant entre elles par l’arrière. Elles devaient servir au logement des officiers et sous-officiers. La dernière de ces trois pièces avait une cheminée ainsi qu’un évier et communiquait avec la première chambrée. L’utilisation de ces pièces n’a pas été définie. L’ensemble de ce casernement est recouvert de terre, protégé par le roc, côté sud, avec en plus un recouvrement de terre coulante.

En revenant au rez-de-chaussée, plus bas la mer se trouve l’emplacement de l’artillerie. Un étroit couloir, protégé des deux côtés par des murs en pierre, est situé entre le massif central et la batterie. Il permettait d’accéder à ces dernières, ainsi souterrains. A l’est un abri certainement réservé pour les munitions et le personnel, à l’ouest, une courette donnant accès à deux latrines ainsi qu’à deux pièces souterraines dont une abritant le groupe électrogène

On retrouve parfaitement les encuvements à ciel ouvert des canons de 240 mm avec au sol le tracé du chemin circulaire de rotation de la pièce et en avant le parapet en pierre protégeant partiellement les servants. En arrière se trouvent  deux par deux, huit petits abris pour les munitions avant d’être alimentées aux pièces d’artilleries.sur les encuvements extrêmes, on retrouve les deux plate-formes de 64 m2  carrés chacune de béton ayant servi à la mise en place d’une nouvelle artillerie.

Ce fort présente un double intérêt comme tous ceux de sa période de construction. Sur le plan architectural c’est la fin du beau dans l’architecture militaire qui était apparu bien avant le médiéval. Place est faite à l’efficacité, à la rationalité, aux moindres coûts. On n’essaie plus d’impressionner l’adversaire par la grandeur et la beauté architecturale de l’ouvrage, mais par sa puissance. Le béton est là, et la seule tentative pour utiliser ce nouveau matériau avec l’esprit antérieur, le fort de Méroux, sera sans lendemain. Dans cette batterie haute de Niolon, on peut encore voir sa conception un souci de beauté architecturale. Les fenêtres avec des  doubles arcs de décharge en brique, dont l’aspect tranche heureusement avec celui de la pierre. Il en est de même avec des barbacanes drainant le massif central et les meurtrières de la tour pentagonale. Les pierres ceinturant l’encuvement taillées et appareillées, et l’arrondi de la crête du parapet des remparts, affirment la volonté de bien faire. On sent chez le concepteur un souci du beau et de plaire.

Le deuxième intérêt est le site. A presque 200 mètres au-dessus de la mer, le regard peut envelopper toute la baie de Marseille ; les îles du fioul, le Vieux-Port et le nouveau, ainsi que le rivage depuis la Pointe rouge avec tout autour la mer et ses couleurs changeantes suivant l’ensoleillement et les nuages ; vert turquoise, allant du bleu clair au bleu profond, toutes ces couleurs fendues par les sillages argentées des nombreux navires succédant aux galères, réales autres. Et puis il suffit de se tourner de 1800 et tout change. C’est l’aridité et la garigue sauvage qui s’offre à votre regard. Comme disait un congressiste, «  c’est le désert des tartares ».

Il est regrettable que cet ouvrage ne soit pas visitable.

 

LA BATTERIE BASSE DE NIOLON

I-Historique

 A LA FIN DU XVIIe SIECLE, la défense du port de Marseille et de sa rade ne pouvait plus assurée par la seule artillerie des forts Saint-Nicolas, Saint-Jean, du château d’If et de Ratonneau. Il fut décidé de construire des batteries défensives tout le long de la cote près du rivage, de Niolon à la Pointe Rouge.

Douze batteries furent réalisées, dans l’ordre en partant de l’ouest : Niolon, Corbiére, Morpianne (Mourepianne), Pinède, Arenc, Infirmerie ou Lazaret, Tête de Maure, Cap Doume, Cap  Gros, Orléans, Montredon, la Groisette. Une treizième, La Major, sera construite au début du siècle suivant. Enfin, 4 batteries seront installées sur îles (Ratonneau, Pomégues, If et Dôme).

Chacune de ces batteries  avait une forme particulière s’adaptant au terrain. Par exemple celle de Montredon avait la forme d’un pentagone irrégulier, celle de Carry était en forme de « U » avec une branche écrasée à 4 meurtrières et d’autres étaient semi-circulaires.

L’armement était tout aussi disparate suivant les endroits. A Carro, elle était dotée de deux pièces de 18 en fer, une pièce de 16, un mortier de 12 et deux pièces de  bataille de 4. Carry possédait deux pièces de 36, une pièce de 16, un mortier de 12 et une pièce de 4. Toutes avaient un corps de garde, éloigné d’une cinquantaine de mètres environ, pour abriter le personnel, ainsi qu’une poudrière. Ces  batteries ne possédaient qu’un épaulement, en terre ou empierré, pour protéger les pièces d’artillerie. En fait c’était des batteries de campagne améliorées. Elles n’avaient aucune capacité de défense contre l’infanterie ou un ennemi les prenant à revers. En 1808, on modifie la batterie basse de Niolon en la mettant un peu plus en retrait de la mer. Elle se présentait alors sous une forme demi-circulaire à ciel ouvert avec en arrière, sur ces deux flancs, deux abris couverts en forme de « L » renversée.

La batterie basse actuelle de Niolon a été construite en 1811 sur l’emplacement de l’ancienne batterie, à une altitude de 24 mètres au-dessus de la mer, à la suite d’une décision du 18 août 1810. Napoléon, en réorganisant la défense des côtes, décida de les doter d’un réduit unique, regroupant logements, magasins et moyen de défense contre un coup de main. Il y avait trois types de tours : n°1 (60 hommes), n°2 (30 hommes), n °3 (18 hommes). Auxquelles s’ajoutaient deux tours simples, n° 4 et 5, recouvertes d’un toit, donc sans terrasses pour l’artillerie. A Niolon ce fut une tour-modèle 1811, type n°2, abritant 30 hommes et pouvant être armée sur sa plate-forme supérieure d’une pièce de campagne et deux canonnades. Son coût s’est élevé à 12 000 F.

 

Cette tour, toujours existante mais modifiée est de forme carrée, à deux niveaux surplombés par une terrasse et ceinte par un petit fossé. On franchissait ce dernier par un pont-levis à chaînes qui donnait accès à la porte située au deuxième niveau. Le pont-levis, en se rabattant, protégeait la porte. Le premier niveau ou rez-de-chaussée, servait comme magasin aux vivres et aux munitions et le second niveau pour le logement de la troupe et le poste de garde. Chaque niveau était partagé en quatre pièces identiques. Enfin la terrasse servait comme plate-forme d’artillerie. Le premier niveau ne possède pas de meurtrières mais seulement des évents d’aération. Le second comporte neuf meurtrières verticales par côté, sauf le côté de la porte d’entrée qui n’en a que six. La terrasse est ceinte d’un parapet élevé avec sur chaque coté, en son centre, une bretèche équipée de trois meurtrières et trois autres de chaque angle, le parapet et le second étage sont équipés de meurtrière d’angle.

Sous le II e Empire, cet ouvrage sera profondément modifié afin de l’adapter à l’évolution de l’artillerie et renforcer en même temps sa puissance de feu. Sur une partie de son pourtour, face est de coté mer, un rempart sera élevé, préservant un espace intérieur à ciel ouvert accessible directement par une porte placée à l’est de l’ouvrage initial. La tour-modèle originelle sera modifiée, pour permettre son accès par une porte située au rez-de-chaussée, elle-même protégée par une bretèche la surplombant et s’inscrivant dans la porte originelle situé au premier étage du bâtiment, et non au niveau de la terrasse. Des ouvertures seront aménagées pour rendre ce rez-de-chaussée habitable. De plus, une porte sera ouverte sur le coté est, afin d’avoir un accès direct de la tour à la nouvelle cour intérieure. Les inscriptions placées au-dessus de cette nouvelle porte confirment la date de ces modifications.

La terrasse ne servira plus pour l’artillerie, cette dernière étant placée dans la cour, en avant de l’ouvrage, vers la mer. Au début des années 1870, cette batterie était désarmée, mais les relations politiques se dégradant avec l’Italie, elle sera réarmée vers le milieu des années 1880, avec deux canons de 240 mm et deux de 190 mm. Du fait des modifications apportées, son assiettes alors épousera une forme bizarroïde en « L » écrasée, avec l’angle sud est coupé, et un allongement de l’assiette vers l’ouest se terminant par une terrasse arrondie. Mais le site de Niolon bas présentait quelques faiblesses. Il était trop petit pour recevoir une artillerie plus, importante, et son ravitaillement par la voie maritime était difficile par temps de mistral. Par ailleurs, si un important débarquement ne pouvait se faire dans les calanques environnantes, Faute d’espace, il n’en était pas de même pour une petite troupe qui pourrait la prendre à revers. Dominés par les massifs montagneux l’environnement, il était donc trop fragile à une attaque terrestre. Il nécessaire de construire un ouvrage plus important et sur un site plus élevé. Ce sera Niolon haut.

 

A la fin du XXe siècle, les emplacements des canons seront avancés de nouveau vers la mer, enfin les Allemands, en 1943 et 1944, construiront un P.C.T. et trois emplacements de pièces d’artillerie sous abris en béton, en avant de cet ouvrage.

 

II-Description

 

L’ensemble de cet ouvrage, situé à 25,50 mètres au-dessus de la mer, présente un grand intérêt, car sur une aire réduite on peut retrouver cinq périodes de fortifications, imbriquées les unes dans les autres, mais encore lisibles pour une personne avertie.

 

Bien entendu la batterie du XVIIIe  siècle a complètement disparu en 1811 lors de la construction de la nouvelle batterie avec une tour modèle 1811. Par contre pour cette nouvelle batterie, tout est lisible. Le fossé l’entourant sur la face nord ( porte d’entrée) est là, réduit fortement en largeur, il épouse cette face de la tour et protège avec son mur de contrescarpe la porte du rez-de chaussée qui a été ouverte sous le Second Empire. L’intérieur a été adapté à ses nouvelles utilisations civiles, mais l’ensemble est cohérent.

Les emplacements de l’artillerie en avant de la cour, modifications du Second Empire, sont bien là, et en s’avançant vers la mer on retrouve les blockhaus français et allemands des deux dernières périodes.

Cet ouvrage a été confié à l’ U.C.P.A. pour abriter son centre d’entrainement à la plongée sous-marine. Les bunkers récupérés et modifiés, ont été parfaitement adaptés à leurs nouveaux usages de logements. L’ensemble, réunissant les ouvrages fortifiés et les bâtiments récents, peint de blanc présente dans ce site remarquable en bord de mer, une heureuse harmonie laissant penser à un village ilien grec.

 
TRAVAUX AU FORT
Situé en plein coeur du site classé, le Fort de Niolon est inaccessible au public en raison de sa situation, mais il subit d’importantes dégradations (tags, vandalisme) par des visiteurs irrespectueux qui y pénètrent en toute irrégularité.
Le Conservatoire du littoral a décidé d’effectuer des travaux de valorisation et de sécurisation du site avec notamment la réalisation d’un portail métallique et la réfection du pont d’accès.
Par mesure de sécurité, le site reste fermé au public.