Ce souterrain maritime est mondialement connu car il est le seul à relier la mer Méditerranée avec l’Etang de Berre. Il devait permettre la communication entre le grand port de Marseille avec les voies fluviales de la France du nord, via, le Rhône. Tout le monde attendait beaucoup de ce tunnel car il aurait permis l’épanouissement de Martigues, Marignane, Châteauneuf et de Gignac.
Il a une Longueur de 7 120 mètres, une Largeur de 22 mètres et une Hauteur de plus de 15 mètres, ce qui en fait le plus grand jamais construit. La section de sa voûte est de 320 m2 (6 fois celle d'un tunnel ordinaire de chemin de fer à double voie). Le plan d'eau est de 18 mètres de large avec un trottoir de 2 m de chaque côté.
Il est presque parallèle au tunnel ferroviaire de la Nerthe. Il n'y a qu'une séparation de 1 km 200 du côté de l’Estaque et de 2 km du côté de Gignac.
L 'établissement de la voie de navigation intérieure entre le port de Marseille et le Rhône fut proposé officiellement pour la première fois en 1820. Vingt ans plus tard, un ingénieur des (Ponts et Chaussées proposa un projet d'un canal traversant le massif montagneux de la Nerthe). Or, l’emplacement de ce souterrain était précisément le même que celui proposé pour la voie ferrée Paris / Marseille. Ainsi, le tunnel ferroviaire de la Nerthe fut édifié en 1848 et le tunnel du Rove tomba à l’eau.
C'est en 1879 que les Ponts et Chaussées dressèrent un avant projet pour relier Marseille à l’Etang de Berre. Gignac et le Rove étaient les premiers concernés. Une loi du 24 décembre 1906 déclara d'utilité publique l’établissement du canal. Après les expropriations nécessaires, les travaux commencèrent. C'est l’entreprise Chagnaud qui fut l’adjudicatrice des travaux.
Les premiers travaux datent de 1907 au Bassin de la Lave. Le 04 juillet 1907, une décision ministérielle faisaient connaître les dimensions. Seulement en 1911 que les véritables travaux, du tunnel commencèrent.
Préalablement, deux puits avaient été forés pour la reconnaissance des sédiments et pour la future aération de la galerie : l’un se trouvait au Rove, au Logis Neuf, l’autre à la chapelle Sainte Maxime, dans les collines de la Nerthe. Un troisième puit sera ouvert plus tard à 800 m de la tête sud.
Techniquement, le forage du tunnel se fit par la percée de 3 galeries cheminant de conserve. L'une de direction, de 8m2 de section, ouverte sur le côté de l’axe. La seconde parallèle, de 8m2 aussi sur le côté ouest. La troisième de « faîte », de 4m2 de section, sur l’axe même. On commença par la tête sud, côté Marseille, et l’on atteignit le puit du Logis Neuf en juillet 1913. Le 06 juin 1915, la tête nord, côté Etang de Berre était amorcée à son tour. Fin février 1916, les équipes Nord et Sud faisaient leur jonction. Mais la guerre retardait l’aboutissement des travaux.
Les travaux du tunnel furent ralentis par des problèmes de poches d'eau rencontrés lors de la percée et sur toute la longueur. Plusieurs procédés furent mis en œuvre pour tenter d'évacuer l’eau : les sources étaient Bouchées avec de la chaux mais ce n'était pas très solide surtout en période de pluie.
En saison sèche, il coulait entre 1000 et 1200 m3 d'eau par heure ! Or, le souterrain n'avait pas de pente, d’où l'idée d'installer des conduites en fer ou en ciment de plus de 3 km de long.
Ces conduites véhiculaient les eaux en dehors du souterrain. Comme le débit était assez important, des pompes à air comprimé auraient pu être utilisées mais ce sont des canalisations électriques longue de 5 km dont la tension était de 5 000 V qui fut utilisée. A cette époque, les pannes étaient fréquentes, ce qui entraînait l’arrêt des pompes et par là même des inondations, surtout en période de pluies (octobre / novembre et février/mars).
Durant ces mois, le débit d'écoulement des eaux de sources pouvait aller jusqu'à 2000 m3 par Heure. Le débit des canalisations d'évacuation devenait alors insuffisant et le niveau de l’eau dans le souterrain ne baissait plus de plusieurs semaines. Ce qui ralentissait les travaux car les ouvriers travaillaient avec de l’eau jusqu'aux genoux.
Sa construction nécessita jusqu'à 3500 ouvriers juste avant le début de la guerre de 1914 -1918. Ces ouvriers étaient de diverses origines : de français, des espagnols, des italiens, des portugais et bien d'autres encore... Durant la guerre, beaucoup de prisonniers allemands et prussiens exilés furent employés à cette lourde tâche.
Mais combien d'entre eux périrent lors des travaux. Certains furent handicapés, rendus aveugles... mais l’histoire ne parle que très peu de toutes ces personnes qui donnèrent leur vie pour que les deux bouts du tunnel se rejoignent !
La première traversée eut lieu avec les membres de la Chambre de Commerce de Marseille le
23 octobre 1926. Et l’inauguration officielle fut présidée par le 25 avril 1927 par Gaston
Doumergue, alors Président de la République.
L'exploitation elle même du canal dura peu de temps car d'une part les techniques nouvelles
des moyens de transport allaient bientôt rendre caduc le service des péniches et d’ autre part,
le 16 juin 1963, à 400 m à peine des dernières maisons de Gignac, au sud du village, un
énorme cratère s'ouvrit au milieu des champs : la voûte du canal avait cédé. La circulation
maritime devenait ainsi impossible.
Dans un premier temps, les services compétents du Port de Marseille firent le nécessaire pour
renforcer la solidité de la voûte et éviter de nouveaux effondrements mais n'ont pas dégagé les tonnes de matériaux qui obstruaient le canal.
Dès lors, le canal du Rove ne fut plus jamais utilisé.