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Retour sur la cérémonie du 11 novembre 2014

Malgré un temps capricieux, les habitants, les élus, les groupements et associations de la commune ont répondu massivement à l’appel du maire Georges Rosso pour célébrer le 96ème anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918.

Cette cérémonie a débuté à 10h30 en mairie avec l'ouverture de l'exposition "Jean Jaurès et les pacifistes de 1914" réalisée par le mouvement de la Paix.

A 11heures, le cortège a défilé jusqu'au cimetière communal où furent déposés devant le monument aux morts de nombreux bouquets et gerbes.

Ci-dessous, discours du maire, Georges Rosso :

Le Rove, le 11 novembre 2014

Mesdames, Messieurs,

Depuis plusieurs mois, la France se remémore la première année de la grande guerre dans le cadre d’un centenaire unanimement partagé.

Les françaises et les françaises se rassemblent pour rendre hommage à leurs aînés et rappeler leur fierté à l’égard de notre pays.

Le 3 août 1914, la première guerre mondiale vient d’éclater. Le Tocsin retentit dans les villes françaises et alerte la population. Des millions de française se mobilisent.

Nous voici réunis devant notre monument aux morts pour commémorer cet évènement.

En même temps, nous célébrons l’Armistice du 11 novembre 1918.

L’histoire dit que c’est un coup de pistolet qui, à Sarajevo le 28 juin 1914, aurait mis le feu aux poudres.

Le couple princier austro-hongrois, assassiné par un obscur nationaliste serbo-croate, et voilà que les peuples s’étripent affreusement.

Mais la réalité était tout autre.

La guerre avait des motivations économiques et politiques liées à la formation des empires coloniaux de France, de Grande Bretagne, d’Allemagne, des USA et de la Russie tsariste.

Pour renouveler l’économie, lui donner en quelque sorte un coup de fouet, il fallait une bonne guerre.

Celle-ci fut horrible.

La barbarie militaire moderne entrait en force sur le devant de la scène.

Parmi ces millions d’hommes âgés de 20 à 40 ans, partis en août 1914, pour une guerre dont ils pensaient qu’elle serait terminée en quelques mois, lequel pouvait imaginer les quatre années qu’ils allaient vivre, enlisés dans la boue et le froid, sous un déluge de feu ;

Frôlés par les rats, partageant leur rendez-vous de chaque heure avec la mort et ayant dans la bouche ce goût de terre hanté par l’odeur de cadavre.

Pour endurer une telle existence, il y a d’abord le conseil de guerre qui châtie celui qui recule.

Il est condamné pour l’exemple et fusillé sur place devant ses camarades.

Lequel de ces millions d’hommes pouvait penser qu’un million-quatre cent-mille d’entre-eux ne reviendraient jamais !

Et qu’un million-vingt-mille seraient mutilés.

Lequel pouvait imaginer que certains n’auraient plus d’yeux pour revoir leur foyer, certains plus de jambes pour couvrir vers leurs familles, d’autres plus de bras pour étreindre leur épouse et leurs enfants.

Lequel aurait pu s’imaginer qu’il croiserait six-cent-mille veuves et neuf cent quatre ving mille orphelins.

Quelle est la ville, le village qui n’a pas son monument aux morts où une trop longue liste de victimes héroïques est gravée.

Notre village qui comptait moins de 500 habitants en ces années difficiles perdra plusieurs de ses fils au champ d’honneur.

  • GOUIRAN Félix, mort à 21 ans
  • GOUIRAN Armand, mort à 23 ans
  • GOUIRAN Marius, mort à 26 ans
  • BONNET Fernand, mort à 27 ans
  • LIEUTAUD Henri, mort à 30 ans
  • GOUIRAN Paul, mort à 30 ans

Ces hommes, dont leur nom est inscrit sur la pierre de notre monument, avaient à peine 26 ans de moyenne d’âge.

Dans cette guerre, la jeunesse a payé un lourd tribu.

Le courage de cette jeunesse triomphante qui pensait qu’il n’y avait plus de guerre, n’a pas suffi pour éviter le désir d’hommes nouveaux et son programme d’extrême droite dont le nazisme est directement issu en Allemagne.

Voilà pourquoi la guerre de 14-18 ouvrait une séquence plus tragique que jamais qui conduira l’Humanité de 1939-1945 à Hiroshima et à Auschwitz.

A ces guerres de libération où l’on connaissait ses ennemis, aujourd’hui ont succédé les guerres économiques où l’argent joue le rôle principal.

Jean Jaurès pour lequel nous célébrons en cette année 2014 le centenaire de son assassinat disait que le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.

L’injustice sociale en France comme en Europe, le racisme et le manque d’éducation entraînent des révoltes sociales qui se font aveuglément et pas toujours contre les vrais responsables.

Les violences urbaines sont aussi une conséquence de l’état d’insécurité sociale dans laquelle sont enfermés les habitants des quartiers frappés par le chômage, l’exclusion, la précarité et qui ont, moins qu’ailleurs, la perspective de s’en sortir.

Jaurès disait on ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre.

Et pourtant, aujourd’hui, la guerre est projetée un peu partout dans le monde et continue à verser le sang.

Le nombre de victimes civils dépasse désormais celui des militaires.

Parmi elles on peut citer les dizaines de millions de réfugiés chassés par les intégristes qui commettent les crimes les plus abominables.

Depuis un an, le centenaire de la grande guerre mêle intimement mémoire familiale et mémoire nationale.

Il est vécu dans chaque commune, chaque famille, chaque foyer.

Il rassemble l’Etat, les collectivités territoriales et les associations.

Malgré le temps qui passe et nous éloigne d’un siècle que cette guerre a ouvert, le centenaire mobilise les anciens combattants, les jeunes et au-delà tous les citoyens de notre pays autour de cette histoire.

Alors que s’en est allé le dernier représentant de la génération des poilus, nous entrons dans le temps de l’histoire, un temps où nous contemplons désormais ces évènements du passé sans le regard des derniers témoins.

Sachons tirer les enseignements des épreuves que notre pays et son peuple  ont dû affronter dans le passé.

Prolonger l’hommage que nous rendons en ce moment précis à nos morts doit nous conduire à tout faire pour sauvegarder la Paix, tout faire pour avancer les vœux de nos martyrs afin de laisser aux jeunes générations cette certitude de vivre dans un monde de justice, de liberté et de paix."

MINUTE DE SILENCE

La chorale Les balladins de l’estello (20 chanteurs) a interprété au début de la cérémonie « la chanson de Craonne » puis l’hymne française "la Marseillaise" à la fin de l’allocution de monsieur le maire.

Cette initiative unanimement appréciée a donné encore plus de sens et de force à cette cérémonie exceptionnelle qui s'est ponctuée à la salle des fêtes par un vin d'honneur offert par la municipalité.

La chanson de Craonne

 

Quand au bout d'huit jours le repos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots
Même sans tambours et sans trompettes
On s'en va là-bas en baissant la tête

- Refrain :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous des condamnés
C'est nous les sacrifiés

Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et le silence
On voit quelqu'un qui s'avance
C'est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe
Nos pauvr' remplaçants vont chercher leurs tombes

C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c'est pas la même chose
Au lieu d'se cacher tous ces embusqués
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendre leurs biens, car nous n'avons rien
Nous autres les pauv' purotins
Et les camarades sont étendus là
Pour défendr' les biens de ces messieurs là

- Refrain :
Ceux qu'ont le pognon, ceux-là reviendront
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini, nous, les troufions
On va se mettre en grève
Ce sera vot' tour messieurs les gros
De monter sur le plateau
Si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau